La chromosphère, la couronne et le vent solaire

Protubérance
La couronne solaire révélée lors de l’éclipse du Soleil de mars 2006 en Turquie. Crédit : L. Laveder

La chromosphère

En quittant la photosphère, nous pénétrons dans une couche très ténue appelée la chromosphère. Cette couche a une épaisseur de quelques milliers de kilomètres et la température y remonte de 4000 à 10 000 degrés. Du fait de sa très faible densité, un millionième de celle de la photosphère, cette couche est quasiment transparente et donc invisible en plein jour. Elle est néanmoins observable lors des éclipses de Soleil et apparaît alors comme un anneau rougeâtre très mince qui entoure le disque lunaire.

Un moyen relativement simple d’étudier la chromosphère sans attendre une éclipse est d’observer le Soleil dans une longueur d’onde correspondant à une raie de l’hydrogène appelée H alpha. Dans cette longueur d’onde, les atomes d’hydrogène de la chromosphère absorbent la lumière de la photosphère et la réémettent vers l’extérieur. En observant ainsi le Soleil, la photosphère est donc invisible et seule la chromosphère apparaît.

Ce type d’observation a montré que la chromosphère est loin d’être uniforme. Sa frontière extérieure est surmontée d’une multitude de pics verticaux, appelés spicules, qui vivent en moyenne pendant une dizaine de minutes. Il s’agit de jets de gaz éjectés de la chromosphère à une vingtaine de kilomètres par seconde et qui pénètrent la région extérieure sur plusieurs milliers de kilomètres.

La couronne solaire

En continuant à nous éloigner du Soleil nous atteignons la limite externe de la chromosphère, à quelques milliers de kilomètres de la surface. Après cette limite, la température se met soudain à augmenter de manière vertigineuse pour atteindre très rapidement quelques centaines de milliers de degrés : nous sommes entrés dans la couronne solaire.

Cette région s’étend sur des millions de kilomètres et est très variable. Elle est encore moins dense que la précédente, de l’ordre d’un dix-milliardième de la densité de la photosphère. Sa température est extrême et atteint jusqu’à quelques millions de degrés.

Les protubérances solaires

L’un des phénomènes les plus spectaculaires au niveau de la couronne est la formation de protubérances. Il s’agit de gigantesques colonnes de gaz moins chaud mais plus dense que celui de la couronne, qui naissent près de la surface et peuvent s’étendre sur des centaines de milliers de kilomètres.

Certaines protubérances qualifiées de quiescentes prennent une forme d’arche et peuvent subsister pendant plusieurs mois. D’autres, qualifiées d’éruptives, sont plutôt verticales et évoluent rapidement en quelques minutes.

Les protubérances sont observables soit au-delà du disque solaire, sous forme de longues flammes brillantes, soit sur le disque, où elles apparaissent très sombres par contraste avec le fond brillant et on les appelle alors aussi des filaments.

Protubérance
Une énorme protubérance observée par la sonde SOHO en 2002. Crédit : SOHO/EIT (ESA/NASA)

Les éruptions solaires

La couronne est parfois agitée par des phénomènes encore plus violents appelés les éruptions solaires. En quelques minutes, de petites régions de la couronne interne voient leur température grimper jusqu’à cinq millions de degrés et rester à ce niveau pendant près d’une heure. Dans ce temps assez court, ces régions très localisées peuvent libérer une fraction significative de l’énergie qu’émet le Soleil tout entier.

De plus, les éruptions sont très souvent accompagnées d’éjections de masse coronale. Des milliards de tonnes de matière sont alors projetés vers le milieu interplanétaire à des vitesses de plusieurs centaines de kilomètres par seconde.

Les observations du Soleil dans les rayons X

D’autres détails sur les processus en jeu dans la couronne nous ont été apportés par des observations dans les rayons X. En effet, comme le gaz coronal se trouve à une température de plusieurs millions de degrés, c’est dans ce domaine de longueur d’onde qu’il émet le plus de rayonnement.

De telles observations ne peuvent se faire que depuis l’espace. Plusieurs instruments spatiaux ont donc été lancés pour les mener à bien, avec en particulier la station américaine Skylab au milieu des années 1970, le satellite SMM dans les années 1980 et la sonde européenne SOHO en 1995.

Les observations dans les rayons X ont montré que la répartition de gaz dans la couronne est très inhomogène. Elles ont en particulier identifié deux types particuliers de régions. D’abord les régions actives, des zones très brillantes dans les rayons X qui sont soumises à un champ magnétique intense et sont probablement liées aux taches solaires de la photosphère. Ensuite, les trous coronaux, des régions peu lumineuses dans les rayons X, dans lesquelles densité et température du gaz sont plus faibles que la moyenne. C’est par ces trous coronaux que la plupart des particules énergétiques transitent avant de quitter le Soleil.

Le vent solaire

Comme la température est extrêmement élevée dans la couronne, la vitesse d’agitation des particules est si grande que celles-ci peuvent échapper à l’attraction du Soleil. Même en période de calme relatif, une grande quantité d’électrons, de protons et d’autres particules énergétiques – environ deux millions de tonnes de matière par seconde – s’échappe du Soleil et se perd dans le milieu interplanétaire.

Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de notre étoile, la couronne ressemble ainsi de moins en moins à une atmosphère et se métamorphose en un flux continu de particules appelé le vent solaire. Comme la densité et la pression du gaz décroissent avec la distance au Soleil, les particules gagnent petit à petit en vitesse, jusqu’à largement dépasser celle du son. Au niveau de la Terre, leur vitesse est de l’ordre de 500 kilomètres par seconde, avec une densité d’une dizaine de particules par centimètre cube.


Mis à jour le 24 août 2023 par Olivier Esslinger